Histoire des cimetières
Du latin « coemeterium », lieu où l’on enterre les morts, ou du grec « koimêtêrion », lieu pour dormir, les cimetières sont des lieux de mémoire et de recueillement.
L’inhumation des morts n’est pas chose récente, puisque les hommes préhistoriques mettaient déjà leurs morts en terre, mais c’est à partir du Moyen-Âge que le mot “cimetière” commence à prendre son sens actuel avec un groupement de sépultures non loin ou relié à un lieu de culte.
Les cimetières antiques
Pendant l’antiquité, les lieux funéraires se devaient d’être tenus à l’écart des cités. À Rome, pour des raisons d’hygiène et afin d’éviter la prolifération de maladies, la Loi des XII tables interdisait aussi bien l’inhumation que l’incinération au sein des murs de la cité, c’est pourquoi il était d’usage d’enterrer ses morts dans des constructions souterraines, comme des catacombes ou des hypogées, situées en dehors de la ville, sur le long des axes routiers.
Alors que les lieux funéraires antiques étaient éloignés des villes et de toute vie sociale, l’arrivée de l’époque médiévale se ponctue avec l’émergence du mot “cimetière” et un aspect sociétal très différent de celui de l’Antiquité.
Les cimetières du Moyen-âge
Du début à la fin du Moyen-âge, le rapport à la mort n’a cessé d’évoluer. Au début du 5ème siècle, la place des défunts est toujours située en dehors des zones d’habitation, cependant, ils sont maintenant inhumés en position allongée sur le dos, en pleine terre ou dans des caissons de pierre ou de bois.
À cette période, la sépulture reflétait la position sociale qu’avait une personne de son vivant, c’est pourquoi elle était enterrée avec des objets représentatifs de sa classe sociale.
Au milieu du 8ème siècle, avec la propagation du Christianisme, les tombes commencent à se rapprocher des lieux de cultes, bien qu’il fût toujours défendu d’enterrer les morts au sein des églises.
Il faudra attendre le 10ème siècle, pour voir apparaître les premières sépultures dans et attenantes aux églises chrétiennes. Ce nouveau mode d’inhumation était en grande partie réservé aux rois et reines, à la noblesse, puis aux dignitaires de très haut rang de l’Église catholique. Ce qui était un privilège au début, s’est étendu aux personnes laïques ne relevant pas des ordres monastiques chrétiens, qui devaient faire des dons onéreux à l’Église afin d’y gagner leur place.
Dès lors et jusqu’à la fin du 18ème siècle, l’Église s’impose de façon progressive et fait des cimetières sa propriété et sa responsabilité.
Une réforme pour les cimetières à l’aube de la Révolution française
À la fin du 18ème siècle, la ville de Paris fait face à un problème majeur en ce qui concerne les lieux de sépultures. En effet, en ces temps, la ville de Paris n’était pas aussi vaste qu’elle ne l’est aujourd’hui et les églises catholiques dans ses murs manquaient de place dans leur cimetière respectif et peinaient donc à prendre en charge l’inhumation des habitants de la ville.
En conséquence, en 1765, un projet de loi est présenté afin d’interdire la construction de cimetières dans Paris intramuros et d’étendre la construction de grandes nécropoles à l’extérieur des murs de la ville.
Cette loi ne fut cependant pas appliquée en 1765. En effet, il fallut attendre l’incident sanitaire que causa l’éboulement de la fosse surpeuplée du cimetière des Innocents dans des habitations du 1er arrondissement, pour qu’en 1780 l’on décide d’appliquer le projet de loi de 1765. Ce projet impulsa la création des grandes nécropoles extramuros, comme le cimetière de Montmartre.
Législation des cimetières
Au cours des époques, chaque civilisation a défini ses propres lois en ce qui concerne l’inhumation des corps de leur défunt.
En 1789, la Révolution française représente un grand tournant dans la gestion des cimetières, puisqu’une de ses conséquences a été de déposséder les Églises des cimetières et d’en donner la responsabilité à l’État français. Dès ce moment, un cadre légal commence à se former autour de l’organisation des cimetières, en particulier avec de l’écriture du Code civil en 1804.
Dans notre société actuelle, le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) encadre la législation des cimetières français en obligeant chaque commune à avoir un cimetière et un site cinéraire.
En effet, en France, chaque commune se doit de mettre à disposition de ses habitants au minimum un cimetière. Il est commun que les grandes villes comme Lyon, Marseille ou Paris puissent en compter plus d’une dizaine voire une vingtaine.
Jadis, les églises avaient à charge la gestion des cimetières, aujourd’hui la gestion des lieux est à la charge du Maire de la commune et de ses agents qui ont l’obligation d’y faire appliquer le règlement, d’entretenir et d’aménager les lieux.
Les cimetières, de véritables espaces verts
Aujourd’hui, les cimetières ne sont pas uniquement des lieux de souvenirs et de recueillement pour les proches des défunts, mais ils sont également devenus de véritables espaces verts qui abritent une faune et une flore sauvage diversifiées.
Avec l’abandon de l’utilisation de pesticides et la végétalisation de leurs espaces, les cimetières ont vu se développer ces dernières années une biodiversité riche et désormais, il n’est pas rare d’observer des renards, écureuils roux, des chouettes y élire domicile.
Par souci écologique, les villes y voient l’opportunité d’aménager ces lieux de nichoirs, de mares et d’autres installations, afin d’amener la vie dans ces champs de repos qui deviennent de véritables îlots de verdure au cœur de zones urbaines.
Paris et son patrimoine funéraire
On dénombre au total 20 cimetières gérés par la ville de Paris dont 14 d’entre eux sont situés dans Paris intramuros et 6 extramuros. Les cimetières parisiens comptent au total plus de 630 000 concessions funéraires et 7 millions de défunts.
Cimetières parisiens intramuros
Cimetière de Bercy (12e)
Créé en 1816, le cimetière de Bercy est devenu parisien en 1860 lors de l’annexion de la commune de Bercy à Paris. Il est situé dans le quartier Picpus, au 329 Rue de Charenton Paris 12ème arrondissement. Il accueille à ce jour 1120 tombes sur ces 6100 m2.
L’histoire du cimetière de Bercy est étroitement liée à son quartier, qui fût jadis l’un des plus vastes marchés de vins d’Europe. D’ailleurs, au centre du cimetière, on ne loupe pas l’imposante chapelle surmontée d’un sarcophage, qui n’est qu’autre que la sépulture de Louis Julius Gallois, maire de Bercy en 1815 et le co-créateur des célèbres entrepôts de vins de Bercy.
Cimetière de Montparnasse (14e)
Le cimetière du Sud, plus connu aujourd’hui sous le nom du cimetière de Montparnasse, a été inauguré en 1824.
Situé au 3 boulevard Edgar Quinet Paris 15ème, au cœur des quartiers les plus animés de Paris, ce cimetière de 19 hectares compte parmi les plus grandes surfaces d’espace vert de Paris, avec ses 1200 arbres aux nombreuses et diverses essences.
Son environnement paisible et ses divers arbres et bosquets font de lui un lieu de choix pour se promener au cœur de la ville.
Serge Gainsbourg, Charles Baudelaire, Simone Veil, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Guy de Maupassant …
En tout, plus de 300 célébrités reposent dans ce havre de paix, où leurs admirateurs passent régulièrement déposer des objets souvenirs sur leur sépulture, tels que des poèmes sur la tombe de Baudelaire ou des dessins sur la tombe de Gainsbourg.
Cimetière de Grenelle (15e)
Créé en 1835 par la commune de Grenelle, puis devenu parisien en 1860, lors absorption de Grenelle par la ville de Paris, le cimetière de Grenelle, tout comme celui de Montparnasse, se trouve au cœur du 15ème arrondissement au 174 rue Saint Charles.
Aujourd’hui encore, certains habitants de l’ancienne commune et les membres de leur famille y reposent toujours. En effet, ils gisent sur 64 ares, dans 1000 sépultures disposées de façon à former un chemin en croix.
Les deux allées de ce chemin sont joliment boisées de 62 arbres aux 6 senteurs différentes, parmi lesquelles l’on compte un grand nombre de marronniers centenaires.
Cimetière de Vaugirard (15e)
Inauguré en 1787, le cimetière de Vaugirard est l’un des plus anciens champs de repos parisiens. Parmi ses 3000 tombes, il comporte un mémorial, ainsi qu’un carré militaire pour les anciens combattants de la maison des invalides et les soldats de la première guerre mondiale.
320, rue Lecourbe 75015 Paris
Cimetière d’Auteuil (16e)
Situé au 7 de la rue Claude-Lorrain dans le 16e arrondissement, l’histoire du cimetière d’Auteuil commence dans l’ancien village d’Auteuil au 11ème siècle. Entre le 14ème siècle et aujourd’hui, il a été plusieurs fois reconstruit et agrandi. Depuis 1793, il a été transféré à son emplacement actuel. Inauguré en 1800, il est devenu cimetière parisien lors de l’annexion de la commune d’Auteuil à Paris en 1860. En raison de sa petite taille, 72 ares, il n’accueille que des concessions perpétuelles depuis 1870.
Cimetière de Passy (16e)
Au 2 rue du Commandant Schloesing, dans le 16ème arrondissement se trouve le cimetière de Passy, la petite nécropole parisienne de 2500 tombes et nombreuses chapelles avec vue sur Seine.
En son sein se trouvent des tombes impressionnantes et majestueuses à l’image de leurs occupants qui furent des bourgeois aristocrates, financiers ou encore politiciens dans le Paris du 19ème siècle. En outre, s’y trouve également les sépultures d’artistes de renom tel que le compositeur de Clair de lune, Claude Debussy, mais aussi le peintre et graveur français Edouard Manet. La Tour Eiffel visible depuis le cimetière, se tient debout, non loin, comme un ange qui veille sur leur âme.
Cimetière des Batignolles (17e)
Ouvert en 1833 et faisant aujourd’hui 11 hectares, le cimetière des Batignolles est le troisième plus grand cimetière parisien intramuros avec celui de Montmartre après les cimetières du Père-Lachaise et Montparnasse. Au 8 rue Saint-Just, ce bel espace vert comporte plus de 900 arbres au 47 essences différentes et accueille aujourd’hui 15 000 sépultures, dont celles de 90 personnalités tel que poète écrivain Paul Verlaine.
Cimetière du Calvaire (18e)
Niché au sommet de la butte Montmartre, le point culminant de la ville, au pied du Sacré-Cœur, le cimetière du Calvaire, ou cimetière de Saint-Pierre-du-Calvaire est l’un des plus anciens cimetières parisiens. Il est l’un des deux seuls cimetières qui aujourd’hui entourent une paroisse.
Sa petite surface de 600 mètres carrés (600 m²) fait de lui le plus petit cimetière parisien.
Existant depuis la fin du 17ème siècle, il a été fermé à la fin de la Révolution française après avoir été saccagé, pour rouvrir en 1801 pour une durée de 30 ans. En 1831, l’année d’ouverture du cimetière Saint-Vincent de Montmartre, le cimetière du calvaire est de nouveau abandonné. Dès lors, sont autorisés à y être enterrés les descendants des personnes qui y sont déjà inhumées. Aujourd’hui, 87 tombes y sont répertoriées et ne peuvent être visitées qu’une fois par an, le 1er novembre, lors de la Toussaint.
Cimetière de Montmartre (18e)
Au 20 rue Rachel 75018, ouvert depuis 1825 le cimetière du Nord ou cimetière de Montmartre contient plus de 22 000 concessions funéraires. Devenu cimetière parisien depuis 1860, il mesure 11 hectares tout comme celui des Batignolles, ce qui fait de lui le troisième plus grand cimetière intramuros ex-aequo. Plus de 500 personnes y sont inhumées par an.
Ce champ de repos attire un grand nombre de visiteurs venu honorer la mémoire des nombreuses personnalités. Parmi toutes ces célébrités qui y reposent, la tombe de Dalida et sa sculpture de taille réelle ornée de rayons solaires dorés est la plus visitée du cimetière de Montmartre.
@crédits photo : uphillblok – flickr
Cimetière Saint-Vincent (18e)
Également situé dans le quartier de Montmartre, au 6 rue Lucien-Gaulard, le cimetière Saint-Vincent a ouvert ses portes en 1831. Il est le troisième cimetière du quartier Montmartre avec le cimetière du Calvaire et le cimetière de Montmartre. Caché sous la butte Montmartre, sa construction en pente contient environ 900 tombes.
Cimetière de La Villette (19e)
Créé en 1828 et agrandi en 1843, le cimetière de la Villette mesure 1,13 hectare où sont disposées 2500 concessions funéraires. Depuis 1880, il n’y accueille que les concessions funéraires perpétuelles
Cimetière de Belleville (20e)
Situé au 40 Rue du Télégraphe dans le 20ème arrondissement, le cimetière de Belleville existe depuis 1808. Il accueille sur ses 1,65 hectares près de 3 200 sépultures qui reposent à l’ombre de quelque 107 arbres.
Parmi ses inhumés, on y retrouve Léon Gaumont qui n’est qu’autre que le pionnier de l’industrie mondiale du cinéma et fondateur du groupe Gaumont.
Cimetière du Père-Lachaise (20e)
Au 16 Rue du Repos dans le 20ème arrondissement, le cimetière de l’Est, plus communément appelé le Cimetière du Père-Lachaise, s’étend sur 44 hectares faisant de lui le plus grand cimetière de Paris. Nommé d’après le confesseur du roi Louis XIV, le père François d’Aix de La Chaise, bien plus qu’un cimetière, c’est un lieu d’histoire, d’art et de culture visité chaque année par des millions de personnes venues des quatre coins du monde.
Il accueille 70 000 concessions funéraires, parmi lesquelles l’on retrouve les sépultures de différentes personnalités d’artistes, d’érudits et politiciens tels que : Chopin, Édith Piaf, Molière, Balzac, Proust ou encore Oscar Wilde.
Bien qu’il soit également un lieu touristique, ce cimetière est toujours en activité. Ainsi, chaque année, il effectue près de 10 000 cérémonies, accueillant uniquement les défunts parisiens ou les propriétaires de concession familiale existante.
Cimetière de Charonne (20e)
Au 119 rue de Bagnole, dans le 20ème arrondissement de Paris, avec ses 0,41 hectare, il compte parmi les plus petits cimetières parisiens. Il accueille près de 650 tombes et est l’un des rares cimetières avec celui du Calvaire à être attenant à une église paroissiale.
Cimetières parisiens extramuros
Cimetière parisien de Bagneux
Ouvert en 1886 ses 62 hectares font de lui le troisième plus grand cimetière parisien. Bien que situé dans la commune de Bagneux en Haut de Seine, ce cimetière est géré par la ville de Paris.
Parmi ses 83 000 concessions funéraires, on y trouve des personnalités aux diverses profils tels que des poètes, des peintres, des sportifs, ou encore des membres du clergé.
Par ailleurs, ce cimetière contient plusieurs monuments commémoratifs de la seconde guerre et différents carrés militaires.
Sa végétation luxuriante comprend 5912 arbres, faisant de ce lieu un poumon végétal au milieu d’un environnement urbain, permettant le développement d’une faune et flore diversifiées au sein de la ville. On y recense plus de 35 espèces différentes d’oiseaux vivant dans le cimetière.
Cimetière parisien d’Ivry
Divisé en deux parties bordant la rue Paul-Andrieux, le cimetière parisien d’Ivry a été créé en 1861 et agrandi en 1874. Ses 28,38 hectares contiennent 1 903 arbres aux 66 essences différentes qui attirent les familles, les promeneurs, mais aussi plus de 40 espèces d’oiseaux.
Ce cimetière accueille 48 000 concessions funéraires et pas moins de 240 000 personnes mises en terre. Parmi les âmes qui y reposent, on y compte de nombreux soldats résistants du groupe Manouchian, non loin des carrés militaires en mémoire des soldats des deux guerres mondiales.
Cimetière parisien de La Chapelle
Construit en remplacement du cimetière Marcadet, le cimetière de La Chapelle renferme une trois centaines d’arbres qui créent un environnement propice au recueillement. Avec ses 3 300 concessions, il est le plus petit des cimetières extra muros et le moins visité de tous les cimetières parisiens, bien qu’il représente un endroit calme et isolé de l’activité bruyante qui l’entoure.
Cimetière parisien de Pantin
Le cimetière de Pantin mesure 107 hectares qui font de lui le plus grand cimetière de France, le troisième plus grand cimetière d’Europe et le septième plus grand du monde. Comptabilisant aujourd’hui 145 000 sépultures, ce cimetière a accueilli plus d’un million de personnes inhumés depuis son ouverture en 1886.
Il représente un véritable havre de paix dépaysant grâce à ses 8700 arbres. En marchant le long de ses 32 kilomètres d’allées, on y respire plus de 74 essences rafraîchissantes. Cet espace arboré possède un grand nombre d’arbres centenaires.
Cimetière parisien de Saint-Ouen
Anciennement appelé le cimetière Montmartre Saint-Ouen, le cimetière parisien de Saint-Ouen a été créé pour pallier la surpopulation du petit cimetière de Saint-Vincent. Même si son espace vert de 2081 arbres en fait l’un des rares lieux de verdure de Saint-Ouen, il fait partie des cimetières les moins visités.
Cimetière parisien de Thiais
Le cimetière parisien de Thiais a ouvert ses portes en 1929, ce qui fait de lui le plus récent des cimetières parisiens. Ses 103 hectares le hissent derrière le cimetière de Pantin dans la catégorie du plus grand cimetière de France. En 2003 a accueilli les 57 victimes parisiennes de la meurtrière vague de canicule. Ce cimetière se démarque des autres par son cosmopolitisme, puisqu’il contient des sépultures aussi bien catholiques que protestantes, mais également juives, musulmanes ou encore bouddhistes.
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